L’HISTOIRE

Une occupation humaine très ancienne

Carcassonne est fille de l’Aude et de ses affluents. Cet axe du Narbonnais au Toulousain fut parcouru à toutes les époques depuis la préhistoire. De là ont transité les idées et produits méditerranéens et atlantiques. Dès le néolithique, des pistes ont relié le Carcassonnais aux régions périphériques : Minervois, Montagne Noire, Razès, Haute vallée de l’Aude, Corbières. Ces ensembles géographiques profitant d’un climat doux, ondulant en promontoires au-dessus des vallées, offraient des lieux stratégiques d’établissement et de circulation.

Le site protohistorique de Carsac :
La première Carcassonne du nom de Carsac, d’une dimension de 25 à 30 hectares, est établie sur un plateau à l’ouest de la cité actuelle entre le 8ᵉ et le 6ᵉ siècle avant Jésus-Christ. Les fouilles ont révélé un habitat important à travers l’existence de silos, soit près de 500 habitations estimées, et divers objets : vases (amphores, coupes, récipients) liés au commerce du vin (importé), objets en bronze attestant d’un commerce avec la Grèce, l’Étrurie, la péninsule ibérique… L’élevage de porc, moutons, chèvres, bovidés constituait une activité importante ainsi que la culture du blé et de l’orge principalement. L’activité artisanale est orientée autour du travail du métal et de la céramique. Il semblerait que, déjà en l’espace d’un siècle, une forte déforestation avait eu lieu pour ne plus représenter que 9 % du couvert végétal. Photo céramique et amphore – cartographie du site de Carsac.

La première cité : l’Oppidum
C’est dans le courant du 6ᵉ siècle avant J.-C. que le site de Carsac est abandonné au profit d’un oppidum sur la butte de la Cité. À partir de cette période, le promontoire stratégique ne sera plus contesté et l’occupation sera permanente. Cette première occupation est attestée par les strates repérées à la fois vers le château comtal et le musée lapidaire à plus de 4 m de profondeur ou vers le théâtre, mais peu profondes par rapport aux couches actuelles. Elles s’enfoncent vraiment vers la tour Mipadre où elles atteignent la côte de 9 m, soit 2 m en dessous de la tour actuelle. Un premier fossé semble être attesté, large de 6 m et profond de 2,5 m. Les restes de murettes en pierres sèches pourraient être rattachés à des substructions de cabanes. La proximité de silos et d’un four à bronzier ou de potier confirmerait l’hypothèse. Les poteries et céramiques, dont celles importées, sont des éléments forts de cette période, en particulier les poteries à vernis noir de style pré-campanien ou campanien. Globalement, les connaissances liées à cette période restent à défricher.

Un millénaire d’histoire : des Romains aux Wisigoths ; de l’oppidum au castellum
Vers le IIᵉ siècle avant J.-C., le couloir entre Toulouse et Narbonne est occupé par les Gaulois, les Volques Tectosages. Après la victoire des Romains et pour permettre de meilleurs échanges commerciaux à partir de la colonie de Narbonne, il est créé de nouveaux comptoirs ou oppida marché. C’est à cette époque qu’une nouvelle ville s’étend au pied de la colline. Le terme de Carcaso Volcarum tectosagum est utilisé pour nommer la ville qui devient une étape, un point de convergence important. De nombreuses marchandises transitent à cet endroit : amphores et céramiques et contreparties en céréales Lauragaises, salaisons pyrénéennes, lingots de métal provenant de la Montagne Noire, du Rouergue ou des Corbières. À l’époque républicaine, l’emprise agricole recouvre une grande partie du territoire. Les premières fortifications de la Cité vont apparaître au IVᵉ siècle après J.-C. L’ouvrage comportait vraisemblablement 34 à 40 tours. Elles sont reconnaissables à leurs assises de briques : la hauteur devait atteindre entre 13 et 14 m de haut. Les courtines crénelées ne dépassaient pas 8 à 9 m. Cette fortification se superpose à la première enceinte. Le périmètre est important, soit plus de 1200 m de circonférence.

Grâce à cette nouvelle sécurité, la ville se développe sur les flancs au Bas-Empire. Le quartier Nord est relié aux fortifications par un mur d’enceinte dont l’ancrage est encore visible près de la porte nommée « le Bourg ». C’est dans ce cercle qu’auront lieu les premiers cultes chrétiens.
Les Wisigoths vont occuper la cité de manière permanente à partir de 462. Leur influence est surtout politique et militaire. Le ville de Carcassonne joue le rôle de place forte contre les incursions des Francs puis des musulmans. Au début du VIIᵉ siècle, le gouverneur musulman d’Espagne, dit Ambisa, investit la ville qui est appelée « Carcachouna ». Les vainqueurs exigent que la moitié des biens leur soit remise ainsi qu’un tribut personnel de la population et la mise en place d’une garnison. En 759, sous l’impulsion de Pépin le Bref, les Arabes sont chassés de Septimanie et repassent les Pyrénées. Les Francs vont s’installer, en témoignent les toponymes en ac ou en an, présents autour de la ville et dans la partie orientale de son territoire. Ces mêmes lieux étant dérivés des formes latines en acum ou anum. Malgré la faiblesse des recherches archéologiques sur ces périodes, il est incontestable que l’Aude est bien l’héritière des différentes civilisations qui l’ont occupée.

Le Moyen Âge : des Carolingiens à la Croisade (fin 8ᵉ – 13ᵉ)
La fin du 8ᵉ et le début du 9ᵉ siècle est une période de forte immigration et de repeuplement. En particulier les Espagnols qui fuient les musulmans et qui, grâce à Charlemagne qui leur octroie des terres incultes, viennent s’établir dans le Languedoc. Après 30 ans d’exploitation, les terres leur appartiennent. Les premiers comtes sont chargés par le roi d’administrer les terres. La charge est conférée à titre personnel, mais a tendance à devenir héréditaire à partir de 820. Ainsi Guilhem de Toulouse, puis Oliba, Oliba II… La transmission héréditaire est admise par Charles le Chauve. C’est ainsi que des domaines sont légués ainsi que des biens patrimoniaux (églises) en échange de fidélité au roi. En réalité, cela ne fit que renforcer l’indépendance des territoires. Les dynasties se font grâce à des mariages avec des comtés voisins. En 1067, le comte Roger III meurt et sa sœur Ermangarde épouse Raymond Bernard Trencavel, vicomte d’Albi et de Nîmes. Cette troisième dynastie des Trencavel marque la politique méridionale de la fin du 11ᵉ au 13ᵉ siècle. C’est sous le règne d’Aton IV (1074-1129) que le territoire est tour à tour espagnol, puis de nouveau possession du vicomte, mais qui va se trouver face à un nouveau rival et allié, le vicomte de Toulouse.

La croisade contre les Albigeois :

Le catharisme est installé dans le languedoc depuis le XIIeme et le culte est largement toléré. Cette religion venue des régions balkaniques est un christianisme qui refuse l’incarnation et les sacrements catholiques. Les cathares ne reconnaissent que le baptême par l’imposition des mains, appelé « consolament ». Ils s’engagent à suivre les préceptes évangéliques et sont dénommés « bons hommes » ou « bonnes femmes ». Ils admettent deux principes : le bien incarné par le monde divin représenté par le Christ et le mal, le monde visible, terrestre.

En mai 1204, le pape Innocent III demande à Philippe Auguste de mettre fin à l’hérésie qui règne dans le Languedoc et menace les seigneurs de confisquer leurs biens s’ils les protègent. Simon de Montfort, en 1209, après la victoire et l’emprisonnement de Raimond Roger Trencavel, hérite des vicomtés, et, à partir de 1215 et de la déchéance de Raimond VI, il devient également comte de Toulouse. Son fils Amaury, qui en 1224 a perdu la totalité de ses terres, demande le soutien du roi et lui cède tous ses droits en Languedoc en échange. La croisade royale débute, Carcassonne et Castelnaudary font soumission au roi en 1226. En 1240, bien que Raimond II Trencavel tente en vain de reconquérir sa vicomté. Les habitants du bourg Saint-Vincent qui l’avaient aidé sont bannis puis graciés par Louis IX et invités à venir s’installer dans la nouvelle ville, rive gauche, la future bastide royale.
Devenue le chef-lieu d’une sénéchaussée, la ville de Carcassonne se dédouble : le 21 janvier 1247, le roi Louis IX autorise les Carcassonnais à fonder une ville nouvelle. Comme indiqué dans la charte de fondation, le roi assigne aux futurs habitants « un emplacement non préjudiciable à notre château et ville de Carcassonne ».

En 1262, le « Bourg neuf » s’étend dans la plaine, sur l’autre rive de l’Aude. La Ville-Basse ne vit pas pour autant dans l’ombre la Ville-Haute, son aînée. Si Louis IX dote la Cité des dernières innovations en matière de fortification, la « Bastide Saint-Louis » est conçue selon un modèle urbain moderne, propice à son développement économique.

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