L’Observatoire Photographique du Paysage
du Grand Site de la Cité de Carcassonne

Le territoire du projet Grand Site de la Cité de Carcassonne est traversé par plusieurs dynamiques majeures susceptibles de marquer durablement un paysage dont les caractéristiques initiales sont protégées par la politique des sites et des paysages, et reconnues par l’Unesco pour sa valeur universelle exceptionnelle.

Parmi les dynamiques à l’œuvre, les multiples requalifications urbaines engagées sur différents quartiers de la Ville de Carcassonne. Les mutations opérées sur le paysage agricole qui constitue l’écrin du site emblématique de la Cité de Carcassonne. Cette mosaïque de petites parcelles cultivées témoigne d’un équilibre ancien entre nature et culture. Ce paysage, véritable marqueur identitaire, est aujourd’hui fragilisé. La densification de la lisière urbaine qui marque, de façon franche, les zones de protection déployée autour de la Cité. Elle est le dernier rempart contre lequel se densifie le tissu urbain, tandis qu’à l’intérieur de cette enceinte se développe une renaturation programmée le long du fleuve Aude, corridor écologique majeur à l’échelle départementale et régionale. L’évolution des mobilités, avec la montée en puissance de la multimodalité (vélo, train, bateau, randonnée…), renouvelle les usages pratiqués sur le territoire. Enfin, les effets du changement climatique, notamment sur la ressource en eau, imposent une relecture paysagère des risques, des usages et des pratiques, entre préservation, adaptation et résilience.

Autant de dynamiques susceptibles d’être saisies par l’observatoire photographique du paysage du projet Grand Site de la Cité de Carcassonne.

Lancé récemment, l’Observatoire Photographique du Paysage du projet Grand Site de la Cité de Carcassonne a été confié au photographe professionnel Guillaume Bonnel, reconnu pour son expertise dans la mise en œuvre d’observatoires. Dès sa conception, l’ambition a été d’en faire un outil transversal, capable de refléter l’ensemble des enjeux portés par le projet Grand Site. Pour cela, une arborescence méthodologique a été construite autour de cinq grandes thématiques : les valeurs paysagères du site classé et des lisières urbaines, les secteurs d’aménagement du projet, la gestion des flux, le patrimoine architectural, et le patrimoine environnemental. Ces thématiques ont été déclinées en intentions de prises de vue, elles-mêmes associées à des secteurs géographiques ciblés sur un périmètre défini qui est celui du Projet Grand Site de la Cité de Carcassonne. Ce travail a permis de déterminer 105 « items » à photographier, allant de lieux précis – comme la place Carnot – à des sujets plus diffus, tels que la diversité des cultures agricoles. Chaque item fait l’objet d’au moins une photographie. Ce maillage dense et structuré garantit une représentation fine et fidèle des paysages du Grand Site, dans leur richesse, leurs contrastes et leurs transformations à venir.

Sur le plan technique, la mise en œuvre d’un Observatoire Photographique du Paysage repose sur une méthodologie précise, qui vient compléter l’analyse contextuelle du territoire. Deux outils fondamentaux structurent cette démarche : la grille d’analyse, qui explicite les intentions de prise de vue en lien avec les enjeux identifiés ; et l’itinéraire photographique ou carnet de route, qui consigne les données nécessaires à la reproduction fidèle des images (position exacte, angle de prise de vue, conditions de lumière, accessibilité, etc.). Les clichés sont systématiquement réalisés à hauteur d’homme afin de restituer la perception d’un piéton ou d’un randonneur.

Dans le cadre de l’OPP de la Cité de Carcassonne, une première campagne photographique dite « campagne test » a été menée entre 2024 et 2025. Elle a permis de produire 200 clichés, examinés collectivement au fil de quatre ateliers de travail réunissant un groupe de techniciens partenaires du Projet Grand Site. Ce travail collaboratif a permis de définir un corpus principal de 46 vues, qui seront reconduites tous les trois ans, et un corpus secondaire de 62 vues, reconduites tous les six ans. Toutefois l’exception à la règle, une deuxième campagne dite de reconduction est d’ores et déjà programmée pour l’année 2025-2026, afin de consolider et affiner l’observatoire dans la durée.

Par nature, un Observatoire Photographique du Paysage (OPP) est un dispositif qui s’inscrit sur le long terme. Après chaque campagne, le groupe de travail se réunit à nouveau pour une phase d’analyse concertée pour donner du sens à l’observation, et interpréter les évolutions constatées. Ce moment d’échanges mobilise des compétences transversales à savoir des architectes, des paysagistes, des urbanistes, des agronomes, des historiens, et des acteurs locaux, afin de croiser les regards et approfondir la compréhension des dynamiques paysagères : changements d’usages, dynamiques urbaines ou agricoles, effets du changement climatique, autres. Ce suivi dans le temps nécessite une organisation rigoureuse du stockage et de l’archivage des photographies, qui, à mesure des campagnes successives, forment une mémoire visuelle précieuse du territoire.